❂ Ideaverse

Le paradoxe Exploration/Exploitation

S’il y a un bien challenge auquel doit faire face chaque être humain, c’est celui-là :

Comment savoir quand explorer de nouvelles opportunités et quand exploiter pleinement ce qu’on a déjà.

Comment savoir quand assouvir notre insatiable besoin de découverte et quand se concentrer sur l’exploitation de la magie déjà présente dans nos vies ?

"Explorer ou Exploiter ?" est une question que l’on se pose sur base quotidienne.

Ou est-ce que j’apprécie ce que je « possède » déjà et que j’aime ?

Ces questions me m'obnubilent.

Le dilemme est cornélien :

In fine, je perds également une partie des richesses de la vie - celle de la profondeur d’un investissement total sur peu de choses.

Les êtres humains sont excellents dans l’exploration.

(comme la plupart des espèces)

Il n’y a aucun doute sur ça.

On ne s’est pas contenté de rester dans cette caverne, de chasser cet animal, ou tout simplement de continuer de faire ce que notre grand-mère nous a appris.

On doit une partie de notre succès à cette irrépressible envie d’exploration (logée au plus profond de notre ADN).

Mais quand est-ce que c’est assez ?

Quand est-ce que tu peux enfin te poser pour apprécier les fruits de ton exploration ?

Quand est-ce que tu peux commencer à exploiter la connaissance que tu as déjà ?

Crois-moi ou non, il y a un algorithme pour ça.

Cet algorithme, on le trouve dans le livre Algorithms to Live By.

Les deux auteurs Brian Christian et Tom Griffiths y dédient un chapitre entier sur comment les ordinateurs traite ce rapport exploration/exploitation et comment on peut appliquer ces leçons dans notre contexte de vie humaine.

Dans ce post, je vais te partager 3 de ces leçons.

Alors assois-toi confortablement.

Et prépare-toi à obtenir un bout de réponse sur cette question existentielle.

1. Considérer le temps de l’on a

C’est le facteur déterminant quand il s’agit de décider si l’on explore ou si l’on exploite.

Brian et Tom expliquent :

"Quand on hésite entre nos expériences favorites ou de nouvelles expériences, rien ne compte plus que l’intervalle sur lequel on prévoit de les apprécier."

Illustrons cette phrase avec 2 intervalles temporels différents.

1. Un intervalle de temps peut être le produit de ton contexte immédiat.

Par exemple, tu es en vacances 2 semaines à l’étranger.

Généralement, on passe la première semaine à découvrir (explorer) et la dernière soirée à manger dans le meilleur restaurant que l’on a trouvé durant ce séjour (exploiter).

Pourquoi ?

Parce qu’au début des vacances, on a le temps de tester plein de choses et exploiter nos découvertes avant de repartir.

Le dernier soir, on ne prendra pas le risque d’explorer pour tomber sur quelque chose de moins bon que ce que l’on a déjà trouvé en 2 semaines.

L’heure est à l’exploitation.

2. Le schéma est identique sur l’intervalle temporel de la vie.

Petits, nous sommes de voraces explorateurs.

Puis, plus on grandit, plus le choix d’exploiter les fruits de nos découvertes passées devient quotidien.

Réfléchis 10 secondes :

Comment les choix que tu t’apprêtes à faire aujourd’hui seraient impactés s’il ne te restait que 5 ans à vivre ? 20 ans ? 50 ans ?

"Explore quand tu as le temps d’utiliser les connaissances qui en résultent, exploite quand tu es prêt à encaisser."

Souvent, on quitte l’exploration beaucoup trop tôt.

Parce qu’on a découvert des choses magiques, on a envie de les répéter pour toujours.

C’est oublier une réalité fondamentale :

Notre changement et celui du monde qui nous entoure sont inévitables.

En se consacrant à l’exploitation trop tôt, on devient incapables de s’adapter.

C’est encore une fois cette question de gratification immédiate ou différée.

Brian et Tom expliquent :

"L’exploration en elle-même a de la valeur, puisqu’essayer de nouvelles choses augmente nos chances de trouver quelque chose de meilleur. Donc prendre en compte le futur, plutôt que se concentrer sur le présent, nous conduit vers la nouveauté."

En tant que chasseurs de liberté, le temps est notre ressource la plus précieuse.

On veut constamment maximiser la valeur qu’on en retire.

Alors quand il s’agit de faire un choix aussi complexe, ajouter le temps à notre process de prise de décision peut grandement aider.

Souviens-toi et note ça :

"Explore quand tu as le temps d’utiliser les connaissances qui en résultent, exploite quand tu es prêt à encaisser."

2. Minimiser la douleur du regret

S’il y a bien une chose qui nous hante face à cette question "Explorer ou Exploiter ?" c’est bien la peur du regret.

On peut à la fois regretter de ne pas rechercher meilleur ou regretter de ne pas prendre le temps d’apprécier ce que l’on a.

Le vrai problème du regret, c’est qu’on ne l’a pas en avance quand on s’apprête à prendre une mauvaise décision.

On peut anticiper ce regret en utilisant la Pensée de Second Ordre.

Mais souvent, c’est après-coup que tu ressens réellement un regret.

Brian et Tom définissent le regret comme :

"Le résultat de la comparaison entre ce qu’on a fait et ce qu’on aurait dû faire."

Quand on s’aventure dans de nouveaux territoires, c’est naturel de se demander si on va regretter ou non notre décision d’essayer quelque chose de nouveau.

Et c’est sur ce point que l’algorithme nous donne une précieuse leçon.

Il montre que :

"(…) l’on devrait présumer le meilleur à propos de ces nouvelles expériences, dans l’absence de preuves contraires. Sur le long terme, l’optimisme est la meilleure prévention contre le regret."

Pourquoi ?

Parce qu’en étant optimiste sur les possibilités qui existent, tu exploreras assez de sorte que tu ne regrettes jamais d’avoir manqué une opportunité.

3. L’accumulation de savoir

Brian et Tom nous délivrent une punchline à graver dans tous les esprits :

"Il est rare que nous prenions une décision isolée, où le résultat ne nous apporte aucune information que l’on pourrait utiliser pour prendre d’autres décisions dans le futur."

En clair, peu importe l’issu de notre décision, elle nous apportera quelque chose.

Toutes nos explorations ne nous mèneront pas à quelque chose de meilleur, mais beaucoup d’entre elles, oui.

Toutes nos exploitations ne seront pas satisfaisantes, mais si on a accumulé assez d’exploration, beaucoup le seront.

Les échecs ne sont que des informations que l’on pourra utiliser pour faire de meilleures décisions quant à l’exploration ou l’exploitation future.

On ne doit pas laisser quelques mésaventures d’exploration nous empêcher de continuer à repousser nos limites.

L’exploration est nécessaire pour exploiter par la suite et profiter du savoir durement gagné tout au long du chemin.

Pour conclure simplement :

Quand il s’agit de choisir entre exploration ou exploitation :

Demande-toi si tu as le temps d’utiliser les connaissances qui résulteront de l’exploitation

Et surtout rappelle-toi que l’exploration est nécessaire pour une exploitation optimale.

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𝐓𝐮 𝐚𝐬 𝐚𝐢𝐦𝐞́ 𝐜𝐞 𝐩𝐨𝐬𝐭 ? 𝐉'𝐞𝐧 𝐞́𝐜𝐫𝐢𝐬 𝟏/𝐣𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐦𝐚 𝐧𝐞𝐰𝐬𝐥𝐞𝐭𝐭𝐞𝐫. 𝐂𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐢𝐜𝐢 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐣𝐨𝐢𝐧𝐝𝐫𝐞 (& 𝐫𝐞𝐜̧𝐨𝐢𝐭 𝐭𝐨𝐧 𝐊𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐏𝐞𝐫𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐨𝐟𝐟𝐞𝐫𝐭)

#Modèles Mentaux #Prise de décisions #Psychologie